2018 . LA MARCHE EST HAUTE ; TERRITOIRES #3 - Éric Normand & Le GGRIL

Le 28 juillet, à partir de 14h, eut lieu à Rimouski
Parcours avec orchestre par le GGRIL

Commissaire : Eric Mattson
Production : Conseil des arts et des lettres du Québec, Tour de Bras, la Ville De Rimouski
Photos : Eric Mattson, Nicole Gingras

Le GGRIL : Alexandre Robichaud, trompette
Alexis Garnier-Michel, violon
Antoine Létourneau-Berger, percussion
Catherine S. Massicotte, IPad
Éric Normand, basse
Gabriel Rochette-Bériau, trombone
Olivier D'Amours, guitare
Robert Bastien, électroniques
Robin Servant, accordéon
Raphael Arsenault, violon
Sébastien K. Côrriveau, clarinette basse
Thomas Gaudet-Asselin, basse
Tom Jacques, percussions




 Introduction (résumé)

« Composition déambulatoire de musique contemporaine ludique et participative proposée par Éric Normand. Parcours... est une partition qui propose aux interprètes comme à la population, les déplacements à faire, les sons à produire, en fonction des hasard de l'environnement urbain. La population est appelée à participer activement à la création. Parcours nous faisant réfléchir sur l'espace urbain dans un esprit de création et de participation collective.»









En voici quelques photos/ Here are some photos of this walk



































2018 . LA MARCHE EST HAUTE ; TERRITOIRES #2 - Geneviève Chevalier

Mont Silver / Black Lake, Geneviève Chevalier
15 Juillet 2018.

Commissaire : Eric Mattson
Production : Conseil des arts et des lettres du Québec, SPOROBOLE (Sherbrooke)
Photographies : Philippe-Aubert Gauthier
Notre guide : Geoffrey Hall, coordonnateur de l'Herbier Marie-Victorin.




Introduction (résumé)
« Ce projet prend la forme d’une randonnée qui se fera sur les traces du frère Marie-Victorin – Conrad Kirouac – (1885-1944), et de son équipe de botanistes, à la recherche de l'aspidote touffue (Aspidotis densa), une plante rare de la famille des fougères qui ne se trouve qu’à six endroits en Amérique du Nord. La plus grande population connue d'aspidote se situe juste au nord de la réserve écologique de la Serpentine-de-Coleraine, à Black Lake, un lieu situé à 88 km du centre-ville de Sherbrooke et à quelques kilomètres au sud-est de Thetford-Mines. La plante pousse notamment sur le Mont Silver (46.016125° N, 71.388355° W) qui est aujourd’hui situé au cœur d’une zone minière et industrielle. À proximité, on trouve ce qu’il reste du Black lake, un lac qui a été en grande partie asséché en 1955. Toutefois, c’est bien là que le 15 juillet 1944, Marie-Victorin et son équipe se sont rendus pour cueillir la plante et c’est au retour que l’accident de voiture qui a tué Marie-Victorin s’est produit.. »

Lors de l’évènement du 15 juillet 2018, un petit groupe de participants a effectué une longue randonnée aux 3 Monts, une réserve écologique. L’activité a été l’occasion, pour Geneviève Chevalier, de réaliser une prise de vue avec une caméra InstaPro 360 degrés ainsi qu’une prise de son ambisonique (prise de son : Gaëlle Komar). Cette captation a permis de documenter des spécimens d’aspidote dans leur habitat en présence des participants et du conservateur de l’Herbier Marie-Victorin, Geoffrey Hall, qui fut notre guide pour l’occasion.

















Geneviève Chevalier, Magog, 12 octobre 2018


L’amorce du projet L’Herbier et son Double — qui s’est faite en partie dans le contexte de l’évènement La Marche est Haute ; Territoires — comprend des images stéréoscopiques filmées en 360 degrés avec une caméra InstaPro ainsi que des éléments modélisés, le tout intégré dans le programme de réalité virtuelle Unity. Dans ce projet, j’ai opté pour une approche que je qualifierais d’heuristique, c’est-à-dire qui opère des allers-retours entre la théorie, la recherche, et la réalisation, la mise en œuvre.
Le projet s’appuie en partie sur l’exploration de certains écosystèmes naturels visités par le frère Marie-Victorin (né Conrad Kirouac, 1885-1944) lors de ses innombrables expéditions d’herborisation. Le 15 juillet 2018 dans le cadre de La Marche est Haute ; Territoires, un groupe de botanistes (le conservateur de l’Herbier Geoffrey Hall ; Andrée Thériault, professeure d’écologie au Cégep de Sherbrooke ; Jacques Labrecque, botaniste au ministère du Développement durable du Québec), d’artistes et d’autres participants se sont rendus sur les lieux de la dernière herborisation de Marie-Victorin, à Black Lake, dans la réserve écologique de la Serpentine-de-Coleraine. Sur la Colline no3 se trouve un peuplement d’aspidote touffue, une petite fougère rare répertoriée uniquement dans 6 emplacements d’Amérique du Nord – le peuplement de Black Lake étant le plus important. La plante pousse au sommet d’éboulis de roches serpentines (comme l’amiante), dans des endroits où les arbres et les autres plantes réussissent mal à s’implanter. Lors de la randonnée effectuée hors sentier par le groupe de participants, un tournage d’images stéréoscopiques et une prise de son ambisonique ont été réalisés au sommet de la colline.
L’œuvre L’Herbier et son Double est également ancrée dans l’Herbier Marie-Victorin de l’Institut de recherche en biologie végétale de l’Université de Montréal. Fondé en 1919, l’Herbier est l’une des collections scientifiques majeures du Canada : 700 000 planches y sont conservées, des spécimens de plantes de partout au Québec, du Canada et de l’étranger. La collection est en constante augmentation et fait l’objet de multiples recherches menées par les étudiants des cycles supérieurs et des professeurs de l’UdeM, ainsi que par des chercheurs invités. Je me suis particulièrement intéressée aux recherches qui sont liées aux changements climatiques. En effet, l’herbier étant une collection qui réunit des spécimens vieux de plus de cent cinquante ans et des spécimens récents, il permet la comparaison dans le temps du développement des plantes et donc permet d’étudier le phénomène de la dyssynchronie phénologique. Ce phénomène consiste en un décalage observé qui s’instaure peu à peu entre les stades de développement de différentes espèces composant un écosystème et qui peut ainsi provoquer toutes sortes de répercussions non désirables.
Une première version en chantier de l’œuvre de réalité virtuelle, réalisée dans le contexte d’une résidence à Sporobole à Sherbrooke au cours du printemps et de l’été 2018, a été présentée par Sporobole lors de l’exposition RV3/BétaLab0918, du 28 septembre au 20 octobre. La réalité virtuelle permet à la fois de réunir dans un même univers (celui de l’espace virtuel) des images filmées et des images de synthèse qui ici représentent de façon schématique un espace qui se veut en quelque sorte l’essence de la collection scientifique, haut-lieu de conservation et d’étude. Ici, l’image modélisée constitue le noyau de l’œuvre, un lieu virtuel à travers lequel on doit nécessairement transiter et revenir constamment, pour accéder aux images filmées. Une sorte de rapport dialogique s’établit entre ces images de nature différente — une différence de nature qui m’interpelle et me pousse à remettre en question certains aprioris.

Messages des participants :

À Coleraine, qui signifie le «coin des Fougères», il y a des plantes communes du Grand Nord ou de l’Est du Québec (Geneviève rencontre Genévrier), ou qui se sont taillées une place en périphérie nord (comme la Doradille ébène).  D’autres ont voyagé voilà des milliers d’années, sur des milliers de kilomètres depuis l’ouest du continent, sans laisser de trace au passage, pour aboutir sur des îlots épars de roches issues du fond des mers (Aspidote touffue), ou encore, y ont rencontré une lignée apparentée mais séparée par des centaines de milliers d’années, pour former une nouvelle espèce, une forme de vie nouvelle endémique (l’Adiante des aléoutiennes rejoint l’Adiante pédalé et créent l’Adiante des montagnes vertes).  Toutes ont résisté à la revégétalisation post-glaciaire en grignotant la roche de serpentine.  Marie-Victorin s’anime, échange, apprécie, se questionne, mobilise.  Cet écosystème que nous parcourons est histoire et avenir.

Andrée Thériault
Professeure d’écologie au Cégep de Sherbrooke
15 juillet 2018


Mon expérience de l'oeuvre de Mme Chevalier est directement reliée à ma formation de botaniste et également à mon intérêt à la carrière du frère Marie-Victorin.

En 2010, j'ai fait un "pèlerinage" en suivant toutes les escales du 15 juillet 1944, dernière journée du frère Marie-Victorin. En utilisant le texte de Marcel Raymond, moi et Martine avons suivi les différentes étapes de cette journée, en partant du collège de Longueuil et en passant par Drummondville, Saint-Cyrille de Wendover, Saint-Ferdinand d'Halifax et finalement Black Lake. Cependant, la seule partie que nous n'avons pas eu le temps de faire était la marche pour retrouver l'aspidote. D'une certaine façon, l'oeuvre de Mme Chevalier m'a permis de terminer mon "pèlerinage" de 2010.

Il est très rare que des non botanistes s'intéressent à ce que nous faisons. Il était fort intéressant de voir l'équipe artistique prendre conscience de ce que notre travail implique, comme de circuler hors sentier, de perdre par moment contact avec nos collègues, et aussi de voir que certaines plantes rares colonisent des habitats inhospitaliers. L'ascension du talus d'éboulis en était un bel exemple.

Je suis fort heureux que notre rencontre "au sommet" ait été conservée pour la postérité. C'est la première fois que je voyais ce que la technologie actuelle permet de faire. J'espère que l'oeuvre de Mme Chevalier permettra au grand public de faire l'expérience de la beauté et de la fragilité des habitats que nous avons visité.

Avec mes meilleures salutations

Jacques Labrecque
Botaniste au ministère du Développement durable du Québec

24 juillet 2018